Aujourd’hui, l’équipe Largeot & Coltin vous emmène à la découverte des symboles Compagnonniques. À quoi reconnaît-on un Compagnon ? Quelle est la signification de l’équerre et du compas ? Nous vous éclairons sur le sujet.
Précautions d’usage : Cet article n’a pas pour objectif de se substituer à tous les ouvrages, notamment écrits par des historiens, consacrés aux attributs et symboles compagnonniques. Il a pour seul but d’éclairer quelques peu nos lecteurs sur certains attributs courants des Compagnons, et principalement concernant les attributs utilisés entre autres par l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir (AOCDTF). Lorsqu’une association compagnonnique est plus « concernée » qu’une autre, nous le soulignons dans l’article. Nous parlerons parfois de l’Union Compagnonnique (UC) ou de la Fédération Compagnonnique des métiers du Bâtiment (FCMB).
Pour distinguer les attributs, ainsi que le mot compagnon, nous avons décidé de mettre certains termes avec une majuscule. C’est un choix dans notre écriture.
Quelle est la devise des Compagnons ?
L’histoire du compagnonnage et de ses origines reste un sujet assez mystérieux pour certaines personnes. Pourtant documentée (plus ou moins selon les périodes), l’histoire du compagnonnage est liée aux valeurs qu’elle emporte depuis tant d’années, perpétuées par de nouvelles générations, liées entre elles par la passion du métier et de la transmission des savoirs.
On peut, de manière simple, définir les Compagnons comme « membre d’une communauté partageant des valeurs et des ambitions communes. »
L’éthique des Compagnons pourrait se traduire par leur devise qui est : « Ni se servir, ni s’asservir, mais servir », cela signifie qu’ils ne doivent ni être égoïstes, ni soumis mais qu’ils doivent servir par le biais de leur travail.
Au-delà d’apprendre un métier et de le pratiquer, les Compagnons aspirent à transmettre leur savoir-faire et à devenir des « hommes bons ». Les valeurs inculquées au sein de la communauté telles que la confiance, l’honnêteté, la fraternité, la discipline ou encore la patience, donnent naissance à cet état d’esprit et ces valeurs qui sont sont évoqués lors de la cérémonie d’Adoption aux jeunes devenant itinérants.
Quel est l’emblème des Compagnons ? Quelle est la symbolique de l’équerre et du compas ?
L’emblème des Compagnons est un compas croisé d’une équerre. Ces outils sont porteurs de messages et de valeurs propres aux Compagnons.
Le compas, outil utilisé pour tracer des cercles ou encore mesurer et reporter une longueur, est utilisé dans de nombreuses corporations. Il représente la pensée. En effet, avant de se lancer tête baissée dans une œuvre, il faut faire des ébauches, visualiser la structure, tracer des traits. Il représente donc les notions de précision, de justes mesures et de réflexion.
L’équerre, quant à elle, est un outil servant à tracer des angles droits, elle représente la droiture et le respect des règles. Cet outil de contrôle est utilisé pour vérifier la rectitude d’un ouvrage. Les deux outils sont donc complémentaires dans leurs fonctions, le compas sert avant la réalisation de l’ouvrage quand l’équerre sert pendant et après réalisation de l’ouvrage pour en vérifier les proportions. Ces deux outils sont donc indispensables à la réalisation des métiers Compagnonniques et on retrouve notamment cet emblème dans les blasons des Compagnons. La plupart des Corporations ont en effet repris l’emblème de l’équerre et du compas en y ajoutant un outil représentant leur Corporation.
Quels sont les attributs des Compagnons ?
La couleur du Compagnon
La Couleur est un des principaux attributs. Une sorte de ruban appelé parfois très vulgairement « écharpe » par le profane…
Elle est l’un des symboles représentatifs du Compagnon. La Couleur varie selon les associations ou les mouvements de Compagnons. Chez les Compagnons du Devoir par exemple, elle est très codifiée et comporte des symboles variant selon l’expérience de son propriétaire.
Nous pouvons déjà remarquer une différence dans la couleur de la Couleur ! Bleue pour les métiers du bois, rouge pour les métiers du métal, blanche pour les métiers liés au minéral, verte pour les métiers du cuir, jaune pour les métiers de bouche (essentiellement les boulangers pâtissiers, au sein de l’ AOCDTF).
La Couleur porte ensuite des symboles, gravés au fer chaud lors de différentes cérémonies, les principales étant l’Adoption, pour les jeunes aspirants au Tour de France, et lors de la cérémonie de réception, qui vient faire de l’aspirant Compagnon un véritable Compagnon, prêt désormais à enseigner, et bientôt peut être se sédentariser après son Tour de France.
Sans rentrer dans le détail de ces symboles, nous pouvons retrouver ce qui semble être un labyrinthe, le plan d’une cathédrale, une construction «bancale», le symbole du métier entouré de lettres, un animal ou encore des cannes entrecroisées et le nom d’une ou plusieurs villes.
Ces symboles, très codifiés et frappés dans le cadre de cérémonies, ont des significations particulières, en rapport ou non avec ce qu’elles représentent. Elles ne sont en tous cas pas là par hasard et chaque Aspirant puis Compagnon connaît les spécificités de ces symboles.
La couleur se retrouve aussi au sein de l’Union Compagnonnique et de la Fédération Compagnonnique. Elles se présente différemment mais ne sont pas moins importantes et essentielles pour le jeune homme ou la jeune femme qui la porte.
Une couleur ne se donne pas, ne se vend pas non plus et tout Compagnon, ou même aspirant, la gardera précieusement durant sa vie.
La canne du Compagnon
La Canne est sans doute l’attribut le plus connu du Compagnon.
Il faut distinguer la Canne du Compagnon, remise à l’AOCDTF et dans d’autres associations lors de la réception du Compagnon (c’est à dire vers la fin du Tour), de la canne d’Aspirant, petit modèle de canne apparu dans les années 40 lors de la refonte de certains rituels au sein de l’AOCDTF.
La canne d’aspirant est toujours de la même taille et de la même forme. D’environ 1 mètre, elle est fabriquée en hêtre et ensuite vernie à la discrétion de son propriétaire, qui évitera généralement de la décorer (les anciens lui rappelleront l’humilité dont chaque aspirant doit faire preuve !). Elle est percée au pommeau et munie d’une petite cordelette à pompons attachée d’une manière précise, qui suit les couleurs de sa corporation (voir les Couleurs), elle possède également un petit embout en métal dans le bas de la canne. Cette canne suit l’aspirant jusqu’à la cérémonie de réception.
La canne de Compagnon quant à elle est assez similaire selon les différentes associations de Compagnons. Plus imposante, elle est toujours faite de jonc et munie d’un pommeau sur lequel est fixé une petite pastille, (généralement en ivoire ou un substitut) qui reprends le nom Compagnonnique de son porteur, l’emblème de son métier et parfois diverses inscriptions, différentes selon les corporations.
Elle est également ornée d’un cordon plus imposant que sur la canne d’Aspirant et d’un important embout métallique en bas de la canne. Cette canne n’est pas de longueur régulière pour pouvoir s’adapter à la taille de son propriétaire.
On peut parfois en voir certaines ornées de rubans de couleurs du haut en bas. Il s’agit de la canne du Rouleur, une sorte de « garant » qui officie notamment lors des cérémonies et fêtes des Compagnons.
Un Compagnon ne se déplace pas toujours avec sa canne. Si la couleur se range facilement et peut être utilisée de manière spontanée lors de cérémonies, rassemblements et fêtes, il est plus rare, hormis pour les cérémonies, de voir des Compagnons avec leurs cannes. Ces attributs, si ils sont une fierté pour leur porteur, ne sont pas pour autant des jouets de parade.
Mais quel symbole pour la Canne ? La Canne représente le voyage, notamment si l’aspirant effectue le Tour de France. Elle sert de soutien, d’appui pour continuer d’avancer. Le voyage est une notion importante chez les Compagnons et le but du voyage, est de progresser et s’enrichir (pas au sens pécunier).
D’autres attributs ne sont, eux, pas obligatoirement portés par les Compagnons, comme les joints.
Les joints du Compagnon
En plus de la Couleur ou de la canne, certains Compagnons portent des signes représentatifs du compagnonnage qui ne sont pas obligatoires. En effet, certains Compagnons portent des petites boucles d’oreilles dorées appelées « joints », ces petits anneaux représentent l’appartenance à une société compagnonnique.
Le Compagnon en question doit faire une demande auprès de sa corporation, afin d’obtenir les « joints ». Dans cette démarche, il s’engage à représenter les Compagnons et à transmettre ses valeurs.
Dans les faits, peu de Compagnons choisissent de porter les joints, que l’on retrouvera d’ailleurs plus chez les Coteries que chez les Pays.
En espérant que l’article vous ait plu et qu’il vous en aura appris davantage sur les Compagnons. Si vous avez une question ou besoin d’un renseignement, ou même des précisions, nous serons ravis de vous lire et de vous répondre. 🙂
Merci beaucoup pour v otre explications. Un ami de moi est compagnon dans le 5. ans et travaille sur son chef d oeuvre.
Il est ébéniste. Maintenant je comprends mieux les détails de compagnage. Ici en Allemagne il y a la possibilité de marcher d’un place a l’autre.
Encore une fois merci
Martina Blinde